Cécile Desserle portrait

BIO

Révélation cathartique de mon intimité, toutes ces femmes parlent de moi à leur manière et sont les mots d’une longue lettre d’amour adressée à l’homme de ma vie.

Cécile Desserle dans son atelier

L’ÉLÉMENT DÉCLENCHEUR

La peinture a toujours fait partie de ma vie. Dès l’âge de 11 ans, je rejoignais les cours du soir des Beaux-Arts, m’évadant de la maison familiale où mes parents céramistes nourrissaient déjà mon inspiration. Guidée à la fois par l’urgence et la nécessité ultime de capturer le monde, je voulais conserver la mémoire des images que je voyais, moi à qui l’on avait prédit petite que je serai un jour aveugle. Progressivement, la peinture a pris racine en moi. Des Beaux-Arts d’Avignon où je m’infiltrais pour suivre les cours des étudiants alors que je n’en avais pas encore l’âge, aux ateliers de la Sorbonne, la peinture est devenue mon monde, mon plaisir. J’y ai trouvé ma place.

Cécile Desserle artiste peintre

À LA VIE, À LA MORT ...

Au fil du temps et des expositions, j’ai eu le sentiment d’entrer progressivement en mode expérimental, remettant perpétuellement mon travail en question, puisant l’inspiration dans des moments de vie si forts qu’ils ont constitué les marqueurs, le fil conducteur de ma démarche artistique.
La découverte de la corrida en fait partie : bouleversée par la terreur du spectacle, tout en ayant conscience de sa beauté, j’y ai perçu comme un écho à la vie, où le drame et la beauté s’entrechoquent, où la nature humaine peut être tout à la fois hideuse et belle. La tauromachie a été pour moi un révélateur de cette dualité et de la beauté passionnée qui s’en dégageait. La disparition de mon grand-père survenue à la même période est alors entrée dans la composition de ma première peinture sur la corrida. On y retrouve son drap d’hôpital déchiré, devenu cape le recouvrant de lumière, tel Nimeño.

Si la corrida symbolise le passage de l’ombre à la lumière, depuis l’obscur toril jusqu’au centre de l’arène éblouissante, elle évoque aussi un mouvement perpétuel de couleurs et de féérie, véritable bal de formes et de matières, aussi puissant qu’éphémère. Capter la mémoire des instants fugaces est alors devenue une obsession qui ne m’a pas quittée depuis.

Cécile Desserle parle d'amour

PARLER D’AMOUR

Alors que je menais ma vie de femme et de mère, l’amour était mon premier moteur. C’est ma rencontre avec le flamenco et le monde gitan qui m’a permis de l’exprimer. Le flamenco est plus qu’une danse, c’est un vocabulaire amoureux, une histoire de désir et de peur : peur de perdre l’être aimé, peur de la mort… Je me souviens de cette vieille gitane que je croisais souvent dans ce café d’Aigues-Mortes… Elle me parlait de ses amours, de ses hommes… Que ses romances aient été inventées ou bien réelles peu importe… C’est cette femme amoureuse que j’ai voulu montrer dans mes peintures. On y retrouve ses histoires, le flamenco, l’émotion des danseuses… Autant de manières, pour moi, de parler d’amour, telles des déclarations faites à l’homme de ma vie.

Cécile Desserle dans son atelier

L’INSTANT PRÉSENT ET L’INFINIE LIBERTÉ

En m’efforçant de capter les mouvements du flamenco, j’ai voulu m’approcher au plus près de ces femmes interprétant des histoires romancées au travers d’une danse ritualisée.
Dans cette quête de vérité, le temps est alors venu pour moi d’explorer une autre facette. J’ai voulu peindre la femme dans son quotidien, révéler ses luttes, ses passions… Donner à voir une femme qui vit, une femme sensuelle, tour à tour amoureuse, épicurienne, charnelle… J’ai voulu aller au-delà de l’intime et parler de liberté, de l’énergie et de la vitalité de l’instant présent. Séduite et émue par la force qui se dégage de mes modèles, j’ai voulu les voir vivre intensément et fixer leur liberté sur la toile, pour l’éternité.

Cécile Desserle avec ses modèles

QUAND JE PEINS UNE FEMME : JE CHERCHE UNE PARTIE DE MOI

A l’origine d’une peinture, il peut y avoir un rêve, une rencontre avec une personne qui me happe, que j’admire. Abdellatif Kechiche, avec qui j’ai travaillé pour « La vie d’Adèle » avait capté ce magnétisme, cette manière de peindre les femmes qui m’attirent. Cela relève parfois de l’illumination, presque d’un coup de foudre : une nuque, une mèche de cheveux qui tombe, un regard, une manière de se déplacer… Un moment fugace qui va agiter mon imaginaire et me raconter des histoires. La charge émotive ainsi créée guide mon geste de peintre. Entrainée par cette apparition, je peux sentir sa peau, sa respiration… Sans savoir où cette femme va me conduire, je commence à lui donner vie.

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